Accueil A la une Kaïs Saïed à la Conférence internationale sur la migration et le développement : «Pour un mécanisme mondial de développement des pays africains»

Kaïs Saïed à la Conférence internationale sur la migration et le développement : «Pour un mécanisme mondial de développement des pays africains»

 

Par notre envoyé spécial à Rome Khalil JELASSI

Le draft de conclusions de cette réunion d’une journée organisée par l’Italie affiche un engagement certain à lutter contre le trafic d’êtres humains, mais aussi à améliorer la coopération entre les pays européens et africains dans des domaines tels que les énergies renouvelables.

C’est en réponse à l’appel lancé, il y a quelques mois, par le Président de la République Kaïs Saïed que cette conférence internationale sur la migration et le développement a été tenue, hier, à Rome, avec la participation de délégations représentant plus de vingt pays. Les dossiers de la migration et du développement surtout du continent africain y ont été débattus.

Le draft de conclusions de cette réunion d’une journée organisée par l’Italie affiche un engagement certain à lutter contre le trafic d’êtres humains, mais aussi à améliorer la coopération entre les pays européens et africains dans des domaines tels que les énergies renouvelables. Cela marque une tentative d’élargissement du partenariat signé entre la Tunisie et l’Union européenne à d’autres pays méditerranéen et africains. Ces pays ont convenu hier d’une série de mesures pour tenter de ralentir la migration non autorisée et de répondre à certaines des pressions poussant les gens à tenter d’atteindre l’Europe.

Prenant la parole juste après la Cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni et le chef de la diplomatie italienne Antonio Tajiani, le Président de la République Kaïs Saïed a rappelé les positions de la Tunisie qui lutte contre toute cette politique régionale marquée par l’explosion de la migration  irrégulière, en jugeant nécessaire de revoir l’approche adoptée jusque-là pour lutter contre ce fléau et les réseaux de criminels et de trafiquants.

Le Président de la République a surtout appelé à créer un fonds international qui sera destiné notamment à promouvoir le développement des pays africains pour combattre la pauvreté, les changements climatiques et les contextes de précarité et qui sera financé par le biais de la restitution des fonds spoliés et par la conversion des dettes en investissements. «La migration des siècles passés se faisait du Nord vers le Sud et c’était normal. Aujourd’hui, depuis quelques décennies, on assiste à une migration du Sud vers le Nord : cette migration n’est-elle pas le résultat des autres migrations qui ont eu lieu à l’époque du colonialisme ?», s’est demandé le Président de la République. Et d’ajouter qu’il n’est pas possible de trouver des solutions bilatérales ou individuelles à ce problème, appelant plutôt à un dialogue international et à des initiatives collectives pour y faire face. Selon ses dires, ce sont ces mouvements de migration remontant à l’ère coloniale qui sont à l’origine de l’aggravation de la migration clandestine contemporaine.

«Il est aujourd’hui de notre devoir de faire face à ce fléau, il est du devoir des Nations unies de concevoir de nouvelles solutions. J’appelle dans ce sens à un fonds de développement de ces pays qui souffrent de guerres, de famines et de conflits. D’ailleurs, le coût de ces guerres, de ces armes aurait pu nourrir les peuples africains», s’est-il désolé. 

Pour sa part, après les mots de bienvenue et ses remerciements adressés aux délégations participantes, Giorgia Meloni a annoncé que cette conférence n’est pas une fin en elle-même, mais marque le début du « processus de Rome » luttant contre la migration irrégulière et encourageant le développement des pays africains.

Meloni a ouvert la conférence en fixant les priorités de ce rendez-vous d’envergure. «Lutte contre l’immigration illégale, gestion des flux légaux d’immigration, soutien aux réfugiés, et surtout, la chose la plus importante, sinon tout ce que nous ferons sera insuffisant, une large coopération pour soutenir le développement de l’Afrique, et particulièrement des pays de provenance» des migrants, a-t-elle détaillé.

Pour la Première ministre italienne, il est aujourd’hui plus qu’important d’encourager la migration régulière en réponse aux déplacements irréguliers en direction de l’Europe, rappelant que son pays a déjà triplé le nombre de migrants réguliers.

Meloni a rejoint le Président de la République dans son appel à un fonds ou une institution financière pour le développement en Afrique. «Mais comment allons-nous utiliser ce fonds et quels sont ses mécanismes ? Je rappelle que l’Italie a prévu trois milliards d’euros dans la lutte contre les changements climatiques dans les pays en développement», a-t-elle dit.

La coopération avec la Tunisie s’élève au rang d’un «partenariat stratégique» pour l’investissement, le développement humain, la migration, le commerce et la souveraineté partagée, a fait savoir, pour sa part, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Un partenariat où «les avantages et les bénéfices mutuels sont bel et bien clairs et évidents», a-t-elle encore précisé lors d’une allocution prononcée, dimanche, à l’ouverture de la Conférence internationale sur la migration et le développement tenue dans la capitale italienne, Rome. «Afin de faire face au défi migratoire en Europe, l’Union européenne a tant besoin de nouer de nouveaux partenariats stratégiques, tels que celui amorcé avec la Tunisie», a-t-elle ajouté.

Série d’entretiens

En marge de cette conférence internationale, le Chef de l’Etat a eu plusieurs entretiens portant surtout sur la question migratoire. A cet effet, à l’issue d’un entretien avec la Cheffe du gouvernement italien Meloni, Saïed a souligné la nécessité de mettre un terme au phénomène de la migration inhumaine et d’éliminer ses causes profondes. Le Chef de l’Etat a également souligné l’obligation de faire face aux «réseaux criminels et aux parties qui sont derrière», mettant en garde contre la prolifération des bandes criminelles profitant des malheurs des migrants. Lors de son entretien avec Giorgia Meloni, Saïed a affirmé que la Tunisie et l’Italie ont des liens de coopération dans divers secteurs et des relations amicales entre les deux pays.

Le Chef de l’Etat a également eu des entretiens avec le Premier ministre du gouvernement d’union nationale libyen, Abdelhamid Dbeibah, ainsi qu’avec  Mohammed ben Zayed Al Nahyane, président des Émirats arabe unis. 

 Parmi les personnalités qui ont participé à cette conférence, les présidents des Emirats arabes unis Mohammed ben Zayed, de la Mauritanie Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen Charles Michel, le Haut-commissaire du HCR, Filippo Grandi, et des délégués des grandes institutions financières internationales. Il faut noter que ni la France ni l’Espagne n’ont participé à cette conférence, deux pays pourtant touchés par ce phénomène.

Etaient également représentés par leurs chefs de gouvernement Malte, l’Egypte, la Libye, l’Ethiopie, la Jordanie, l’Algérie, le Niger, le Liban, tandis que d’autres, comme la Grèce, la Turquie, le Koweït ou l’Arabie saoudite, ont envoyé des ministres. La France et l’Espagne n’ont pas de représentants.

Selon Rome, quelque 80.000 personnes ont traversé la Méditerranée et sont arrivées sur les côtes de la péninsule depuis le début de l’année, contre 33.000 l’an dernier sur la même période, en majorité au départ du littoral tunisien.

La semaine dernière, l’UE a signé un pacte «stratégique» avec la Tunisie pour endiguer le flux migratoire vers l’Europe, ainsi que pour promouvoir le développement économique et les énergies renouvelables.

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Un commentaire

  1. Dr. E. Moudoud

    24 juillet 2023 à 23:50

    MERCI SI KHALIL…NOTRE TUNISIE NE PEUT QUE ‘SOUTENIR’ LA CRÉATION DE CE ‘FONDS…SI C’EST ‘CONTROLÉ’ 100% PAR NOS PAYS ‘AFRICAINS’ …SANS AUCUN PAYS ‘EUROPÉEN’…MÊME À ‘TITRE D’OBSERVATEUR’…REGARDEZ L’HISTOIRE DE NOTRE BAD…DE NOTRE FAO ET SURTOUT DE NOTRE ‘FIDA’ CHEZ NOUS EN AFRIQUE DEPUIS 30-50 ANS? À RIEN…MALGRÉ LES ‘COÛTS ÉNORMES DE TOUS CES ‘EXPERTS’ ET LEURS ‘STOP-OVER’ DE LUXE TOUS FRAIS PAYÉS… À ROME…DES FOIS AVEC LES ‘ÉPOUSES’ MÊME…POURTANT NOS ‘EXPERTS’ DE DAKAR À BRAZA, DIPLÔMÉS D’AMÉRIQUE DU NORD…SONT TOUJOURS…AU ‘CHÔMAGE’…ET NOS ENFANTS DE LABÉ OU DE SÉGOU…CONTINUENT À CREVER DE FAIM…AU MILIEU DE ‘RICHESSES’ AGRICOLES ET MINIÈRES INCROYABLES…ET SI EN PLUS, CE FONDS SUGGÉRÉ PAR NOTRE KAIS PEUT NOUS ‘DÉBARRASSER’ UNE BONNE FOIS POUR TOUTE DE LA MB ET DU IMF ‘RACISTES’ EN CRÉANT D’AUTRES ‘ALTERNATIVES CRÉDIBLES’ DE FINANCEMENT DE DÉVELOPPEMENT POUR NOS PAYS…ALORS LÀ… VIVE LA TUNISIE. VIVE LA RÉPUBLIQUE. VIVE KAIS SAIED. BOURGUIBA NE MOURRA JAMAIS…JAMAIS.

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